Comme chaque mois, les étudiants de l’ESIS rencontrent une personnalité emblématique, un professionnel du cinéma, du son, des effets spéciaux ou de la musique. Cette fois les étudiants ont eu l’opportunité de rencontrer Herald Najar qui vient présenter son métier : chef décorateur.
L’importance des décors : entre imagination et réalité
Qu’ils soient imaginaires, réalistes, originaux ou même historiques : derrière tous ces décors se cache un travail monstrueux : celui d’un chef décorateur.
Que ce soit pour le cinéma ou la télévision, son rôle est central. Il imagine, crée, et réalise les décors des plateaux de cinéma et/ou de télévision. Il ne doit pas uniquement prendre en compte les aspects esthétiques ou utilitaires du plateau mais faire un décor qui a du sens. Du sens pour l’histoire racontée, et l’ambiance voulue. Un décor qui immerge totalement le spectateur au cœur de l’action. Un décor qui sait éviter les anachronismes (une erreur qui consiste à placer un événement avant ou après sa date, ou en une confusion entre différentes époques).Le chef décorateur est à la fois concepteur et technicien, il fait les décors, les ambiances et les atmosphères des films. Ils ont le pouvoir très spécial de faire voyager dans le temps ou à travers les univers.
Pour Herald Najar, un chef décorateur est là pour « donner forme aux décors d’un scénario. » Souvent contacté par un réalisateur ou un producteur, il amène une « vision sur les volumes et les espaces » dans les lieux de tournages. Il estime la faisabilité d’un film. La préparation ainsi que la prise de contact avec les autres membres de l’équipe sont des étapes primordiales.
Un chef décorateur a de nombreuses missions et en voici une liste (non-exhaustive bien entendu) :
- Collaborer avec les équipes
- Définir la ligne artistique d’un décor : dessiner ou faire des maquettes
- Estimer la faisabilité du projet : ressources, budget, règles historiques ou artistiques à prendre en compte
- Assurer et superviser l’installation des décors
De son côté, et en amont du tournage, Herald Najar a pris l’habitude de travailler avec le chef opérateur. Il juge que « la photo et les décors sont vraiment liés. » Les phases se succèdent : liste et préparation du matériel ; repérage des lieux ; fabrication et mise en place des décors en suivant un plan de travail détaillé sur calendrier. Arrivent ensuite les comédiens et voici les décors envahis, mieux, ils prennent enfin vie.
Herald Najar : son parcours
Herald Najar étudie le design industriel et l’architecture. À 25 ans, il organise déjà des expositions de sculpture. Très vite il s’impose avec ses aptitudes manuelles. Très vite, on le contacte pour prêter ses créations à des tournages : il devient sculpteur officiel pour le cinéma. Dans les années 2000, il passe le cap et s’engage comme assistant décorateur pour Jean Becker et Cédric Klapisch puis, en 2009, il obtient enfin le poste tant convoité : celui de chef décorateur grâce au film La Première étoile de Lucien Jean-Baptiste. Suite au succès du film, il enchaîne les projets parmi lesquels on retrouve (pour ne citer qu’eux) :
- Le Fils à Jo (2010)
- Ma première fois (2011)
- Bowling (2012)
- Amour sur place ou à emporter (2013)
- Boule & Bill (2013)
- La fête des mères (2013)
- Le rire de ma mère (2016)
- Madame (2017)
- Amoureux de ma femme (2018)
- Le Lion (2020)
- Mystère (2021)
- Le Chemin du bonheur (2022)
- La guerre des Lulus (2023)
- Complètement cramé ! (2023)
Polyvalent, Herald Najar collabore aussi bien avec des plateformes de streaming que pour des chaînes télévisées.
L’enjeu climatique dans la création de décors
De nos jours, la création de décors prend un tournant auquel elle ne pouvait échapper. Le climat est un enjeu central, présent au cœur de tous les corps de métier. Pour Herald Najar, il s’agissait d’une question hautement importante à aborder avec les étudiants de l’ESIS, futurs acteurs du monde cinématographique. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir fabriquer un décor rapidement, pour pas trop cher, et surtout, de façon éco-responsable. Pour le moment, aucune solution miracle n’a été trouvée, mais Herald Najar a sa petite astuce, déjà bien connue dans le milieu : les recycleries.
Les recycleries remplissent pratiquement toutes les conditions imposées : les décors sont effectivement moins chers (puisque pas neufs), ils ne demandent que peu de ressources à produire (dans le sens où les ressources de base ont été consommées pour le tournage d’origine, finalement, il ne fait que remplacer certaines parties, mais pas la structure complète), et elle est éco-responsable : acheter en recyclerie, c’est s’assurer qu’un décor ne soit pas jeté après une seule et unique utilisation.