Samuel Cohen s’est rendu au contact des étudiants au sein de l’école ESIS au campus de Paris.
Né au Maroc, Sam Cohen s’installe en France avec sa famille à l’âge de 12 ans. Il intègre la prestigieuse école Louis-Lumière, puis il collabore à plusieurs documentaires avant de devenir perchiste. Très tôt attiré par le cinéma italien et américain, il cherche à participer à des productions internationales. Il faut dire qu’il parle couramment plusieurs langues, ce qui lui permet de réaliser ses ambitions professionnelles. « J’ai eu la chance de travailler avec de grands mixeurs son comme Jean-Louis Ducarme (L’Exorciste, Don Giovanni) ou Jean-Paul Mugel, avec qui j’ai collaboré pour Alexandre le Grand d’Oliver Stone et Le Dahlia noir de Brian De Palma », dit-il. « J’ai aussi eu le privilège de travailler avec Woody Allen (Tout le monde dit I Love You), Robert Altman (Prêt-à-Porter) et Jonathan Demme (La Vérité sur Charlie). » Très sensible à la musicalité des langues, même lorsqu’il ne les maitrise pas forcément, il s’attache à la mélodie et à l’intonation des mots plutôt qu’à leur sens pour enregistrer les sons.
Après avoir été perchiste pendant 25 ans, il décide de devenir ingénieur du son et fait ses armes sur des séries télé françaises. Mais son tropisme pour l’international reprend le dessus et il ne tarde pas à collaborer à des productions anglo-saxonnes, italiennes, israéliennes, et franco-marocaines. En 2016, il reçoit son premier prix pour Dogs de Bogdan Mirica, film roumain sélectionné au festival de Cannes. « Pendant la cérémonie, à Bucarest, j’ai dû reconnaître que j’étais un escroc parce qu’on me remettait un prix pour le son d’un film dont je ne comprenais pas un seul mot », confie-t-il en riant. Un an plus tard, il décroche une nouvelle distinction pour Foxtrot de Samuel Maoz, tourné en hébreu. En trente ans de carrière, Sam Cohen se voit décerner des prix pour deux films en langue étrangère.
Plus récemment, il a été l’ingénieur du son de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? de Philippe de Chauveron, les séries Kaboul Kitchen, Tunnel et Désordres, pour Canal Plus, Le Bonheur des uns… de Daniel Cohen, la série Netflix Plein cœur, et On est faits pour s’entendre de Pascal Elbé.
En repensant à ses nombreuses expériences sur des productions internationales, il conclut : « Le mélange des langues n’est pas du tout un handicap. Bien au contraire, cela donne des tonalités différentes en matière de son, d’énergie et d’intonations qui produisent des variations de rythme. On a l’impression d’avoir des mélodies qui viennent de plusieurs pays. Je me suis d’ailleurs rendu compte que lorsqu’un acteur joue bien, même si je ne comprends pas ce qu’il dit, la ‘musique’ de ses dialogues me permet de suivre la scène. »