Portrait de Tristan Séguéla

Publiée le 30 avril 2025
Portrait de Tristan Séguéla

Après des études de gestion dans une école où il se sentait « comme un fantôme », Tristan Séguéla décide de se consacrer à sa vraie passion : l’image. Débrouillard, il s’empare d’un camescope Sony et se lance dans de petits documentaires, tournés avec les moyens du bord. « Le plus important, c’est que je faisais », dit-il. « Je me sentais encore très loin de la fiction et le cinéma me semblait un territoire lointain. » En 2000, il traverse les États-Unis pendant trois mois pour filmer la campagne présidentielle : ces images deviendront November, USA, documentaire de 52 minutes autoproduit et vendu à la chaîne Canal Jimmy. Une première victoire pour le jeune réalisateur.

À partir de là, il se passionne pour le documentaire politique. « J’avais beaucoup d’admiration pour Raymond Depardon et Errol Morris et, de manière générale, les documentaristes d’observation », reprend-il. En 2001, il propose de suivre Lionel Jospin, pendant la campagne présidentielle : Les Communicants (2003), diffusé sur France 5, est très accueilli par la presse. « J’avais montré le film à la journaliste Raphaëlle Bacqué, du Monde, et elle avait consacré toute la Une du journal au film. Ça m’a donné une grande confiance que le documentaire soit reconnu. »

Dans le même temps, pour gagner sa vie, Tristan Séguéla tourne des clips et des publicités. C’est ainsi qu’il devient réalisateur attitré du DJ Martin Solveig avec qui il lance une série de petits films diffusés – Smash – diffusés sur YouTube. « C’était le début de YouTube et la série, tournée dans des décors incroyables, a eu un grand retentissement », poursuit Séguéla. « Je suis alors passé du camescope à l’appareil photo Canon 5D avec lequel j’ai fait tous les clips de Martin. » L’occasion, aussi, de se frotter à la fiction : « Martin voulait que je mette en scène de petites saynètes de comédie, dont j’étais l’unique cadreur et preneur de son, et le canal 5D me permettait d’avoir un ‘style cinéma’. » Le succès est tel que certains épisodes de Smash recueillent plus de 100 ou 150 millions de vues.

Remarqué par un producteur de cinéma qui recherchait un réalisateur pour un premier long métrage, il commence par refuser le projet car il n’a pas envie de s’embarquer dans une comédie. Mais il se ravise et finit par tourner le film, 16 ans ou presque (2013), avec Laurent Lafitte. C’est d’ailleurs sa rencontre avec ce dernier qui donne naissance au projet sur Bernard Tapie… qui mettra dix ans à se concrétiser. « C’est le projet qui m’a demandé le plus de travail et qui m’a le plus exalté », confie-t-il. « C’est aussi celui qui ressemble le plus à l’idée que je me faisais du métier que je rêvais de faire quand j’avais 12 ans. » Coécrite avec

Olivier Demangel, la série Tapie, diffusée sur Netflix, remporte un immense succès public et critique.

Entretemps, Tristan Séguéla aura réalisé Rattrapage (2017), autre comédie régressive qui, malheureusement, ne trouve pas son public. Puis, il écrit et réalise Docteur ? (2019), avec Michel Blanc, qui connaît un joli succès en salles, et Un homme heureux (2023), qui réunit Fabrice Luchini et Catherine Frot. Son dernier film, Mercato, autour d’un agent de joueurs de football à la dérive, est sorti en salles cette année. Porté par Jamel Debbouze, le projet est accueilli par le réalisateur comme un « véritable cadeau. » Un film, construit comme un thriller extrêmement soigné, qui révèle Jamel Debbouze dans un registre totalement inédit.

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